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Interview de P.Y.Xyn, auteur-poète

Aujourd’hui je vais partager avec vous ma deuxième interview avec l’auteur poète P.Y.Xyn ! Je l’ai contacté sur les réseaux sociaux. Nous avons commencé à nous suivre d’abord sur Instagram. J’ai aimé son travail d’après ce que j’ai pu lire. Et je relie beaucoup certaines de ses créations à mes écrits. C’est pourquoi j’ai voulu l’interviewer.

Je me souviens quand je suis tombée sur un post à l’époque où il expliquait comment ses poèmes dans son nouveau livre étaient liés à une photographie. Quelque chose que je fais souvent dans mes écrits et que j’utilise même en priorité. L’avouer, cela m’a donné du courage, car je pensais que lorsque j’écris souvent sur une photo, le contenu lui-même sans photo n’aurait pas le sens qu’il a avec elle. Et cela ne voudrait rien dire.

Alors que P.Y.Xyn m’a convaincu exactement du contraire, ayant également publié un livre composé uniquement de tels poèmes liés à une photo (et c’était une fleur !).

Donco, lorsque je lui ai demandé s’il aimerait être interviewé par moi, il a dit oui !!! Et voici ce qui en est ressorti.

Je suis extrêmement heureuse de vous présenter le deuxième auteur que j’ai réussi à interviewer – P.Y.Xyn !

Gratitude pour ces précieux mots !
Pour le temps que tu as pris
de répondre à mes questions !

Merci à toi, auteur-poète, P.Y.Xyn !

Commençons par une petite présentation (Tes origines ? Ton parcours ? Où habites-tu actuellement ? Y a-t-il une raison pour choisir cet endroit en particulier pour vivre ? Quelle émotion ce lieu évoque-t-il en toi ? Y a-t-il un lien entre ton parcours, ta localisation actuelle et ton écriture? )

Je m’appelle Pierre-Yves Csinidis, je suis né à Marseille, dans les Bouches-du-Rhône, d’un père professeur d’Espagnol et d’origine grecque et espagnole, et d’une mère employée de la fonction publique d’État et d’origine française. J’ai passé mes 17 premières années à Martigues, dans le même département et, après quelques péripéties et aventures, je suis à présent installé à Pignans, dans le cœur du Var. Avec mes trois enfants et mon épouse, je suis bien dans mon village « connecté » au reste du monde par les réseaux de transport et de communication, et dont l’histoire semble elle-même bénéficier d’une autre sorte de connexion au vu de son histoire religieuse. Je m’y sens souvent en paix et d’une humeur propice à l’émerveillement simple que nous procure la nature (il en faut peu pour être heureux, chantait Baloo). Alors, bien que la raison de mon installation soit plutôt d’ordre professionnelle, plus le temps passe et moins j’ai envie de quitter mon petit coin de paradis.

Après avoir obtenu mon bac économique et social et passé une année en classe préparatoire, j’ai suivi des études de droit jusqu’à l’obtention d’un Master II orienté en droit de la propriété intellectuelle et de la communication. Après quelques années de recherches et d’errances professionnelle, je suis devenu dabord secrétaire dans une école d’ostéopathie, puis greffier au ministère de la Justice.

S’il devait y avoir un lien entre mon parcours et mon écriture, je dirais que c’est celui d’une longue compagnie : Les mots ont toujours fait partie de mon existence, j’ai su lire très tôt et me suis rapidement dirigé vers des recueils comme les fables de La Fontaine et Paroles de Prévert ; puis, inspiré notamment par mon grand frère et encouragé par certains professeurs, j’ai commencé à écrire dès les débuts de l’adolescence (là aussi, je me suis rapidement dirigé vers de la poésie, mais aussi quelques nouvelles). Plus tard, j’ai mis l’écriture de côté et l’ai un peu oubliée, mais elle s’est rappelée à moi à travers les métiers de l’écrit que sont ceux du secrétariat et de greffier. Lorsque je suis revenu à l’écriture littéraire, c’était à d’abord à l’occasion de la création d’un compte instagram : j’ai publié des photographies et j’ai eu envie de les accompagner d’écrits qui, pour la première fois, seraient rédigés pour un public, pour être lus et disponibles, sous mon nom de plume P.Y.Xyn. De fil en aiguille, j’ai rassemblé assez de matériau pour prétendre à la constitution d’un recueil. Ainsi, L’effeuilleur de temps (2019) devait naître en autoédition, prolongeant mon expérience « virtuelle » en l’ancrant dans la réalité. Il faut croire que l’expérience m’a plu, car j’ai réitéré avec deux autres recueils, 99 leçons de floraison (2021)et Nasatyas, révélation sur l’envers (2022). Tous trois contiennent photographies et poésies. J’écris donc aujourd’hui en tant que professionnel de l’écrit et de la poésie, sur les réseaux, dans mes livres, à l’occasion d’événement littéraires ou pour de nobles causes, mais aussi pour ma famille, pour mes proches et pour moi.

Où trouves-tu l’inspiration pour tes poèmes ?

Tous les poèmes ne se ressemblent pas, sans doute car ils ne partagent pas les mêmes sources d’inspiration ! Quand j’ai recommencé à écrire, j’ai spontanément laissé les idées venir de l’image, à travers mes propres photographies, une démarche créative qui m’habite toujours. L’idée était de renverser la tendance « une image vaut mille mots », en exploitant l’image pour qu’elle redonne vie à des mots. Ainsi, ce que je vois, les photographies que je prends ou encore des œuvres d’autres artistes, sont une première source d’inspiration. En ouvrant les yeux et en acceptant de le voir à travers un prisme poétique, on peut facilement trouver l’inspiration ; tant de merveilles nous entourent ! Le soleil, la lune, les astres, le ciel, les fleurs, les gens, les animaux, les monuments, la mer, les fontaines… Quand on accepte que la réalité peut avoir une dimension poétique, alors nous accédons à une source d’inspiration inépuisable !

Les lectures sont aussi un immense trésor pour garder vive la matière de travail du poète, ces fameux mots qui doivent, à coups sûrs, frapper dans le mille. Bien sûr, il y a les joyaux connus de la littérature comme Prévert, Baudelaire, Lautréamont, Gibran, Chédid et tant d’autres, mais il y a aussi des pierres brutes de la littérature contemporaine : en me mettant à écrire sur les réseaux, j’ai découvert une population immense et variée de poétes, poétesses et autres plumes ! J’ai ainsi eu l’occasion d’échanger avec des auteur(e)s édité(e)s comme Olivier Sorin, Emmanuelle Drouet, Delphine Muse, Evelyne Charasse, Eric Costan ou encore Bénédicte Mamode, mais aussi d’autres artistes « de ma trempe », écrivant sur leurs comptes de réseaux sociaux et parfois en autoédition, comme Serg Pehaisse, Jean Didier, Severine Gourhant, Camille Naullau, Frank Juré, @pluiedesable et tant d’autres, en passant par vous-même !

Enfin, toutes ces sources extérieures doivent rejoindre une source intérieure, pour que la poésie prenne : moi-même ! Il y a une sorte de processus qui amène à plonger tout ce qui nous inspire au fond de soi, de nous y plonger nous-mêmes pour en ressortir avec nos précieux poèmes. Par certains aspects, la poésie peut être aussi exigeante et puissante que l’alchimie ou la spiritualité !

Et à partir de cette dernière question, je veux te demander – Quels sont tes sujets préférés sur lesquels tu aimes écrire ? Y-a-t-il un sujet que tu préféres parmi tous tes favoris et pourquoi le choisisses-tu ?

Oh, j’ai bien du mal à répondre à cette question car je supporte difficilement ce qui se répète ; voilà un puissant moteur pour varier thèmes, formes et fonds de mes créations !

Cependant, au fil de mes écrits, je dois bien admettre que certains axes reviennent souvent : le regard, la nature, les fleurs, la passion, la mort, l’au-delà, la souffrance, les secrets, la résilience, la femme… Il y a tant à dire et à écrire sur ces sujets !

J’aime également beaucoup écrire sur l’amour, les sentiments et les relations amoureuses, mais je trouve le thème à la fois inévitable et galvaudé. Trop d’auteurs se spécialisent dans cette thématique, sans pour autant aller au fond de la chose ou de leur talent. On peut vite tomber dans le cliché ou les stéréotypes. Alors, avant d’ajouter une pierre à cet immense édifice, je réfléchis à deux fois et me demande si cette pierre a sa place… puis je prie pour avoir fait le bon choix !

Je n’ai pas vraiment de sujet favoris en fin de compte, mais si je devais en retenir un seul, je crois que ce serait celui de la nature, bien malmenée et si fondamentale. Non seulement c’est un choix du cœur, mais ça correspond aussi à une conception du travail poétique qui me parle de plus en plus : poètes, poétesses et poèmes doivent retrouver leur place au centre de la place publique et des préoccupations. Je suis convaincu que la poésie peut participer à élever les débats et à emmener les esprits vers de plus nobles horizons. C’est pour cette raison, par exemple, que j’ai récemment eu l’occasion de proposer quelques poèmes et un conte au mouvement Save Soil, emmené pour la région PACA et pour l’Occitanie, par Claudine Mollo, avec qui nous échangeons depuis longtemps sur instragram.

Dans quel domaine sont tes études ? Pourquoi t’es-tu tourné vers l’écriture ?

J’ai étudié le droit, une matière assez peu propice à la poésie de prime abord, bien que certains juristes soient de fines et célèbres plumes, dans l’histoire et aujourd’hui encore ! Le droit est aussi une matière étrangement littéraire et surtout proche de l’écrit. De plus, alors que j’étudiais les règles juridiques sur les bancs de la faculté d’Aix-en-Provence, j’avais déjà et encore la tête en partie prise par cette fameuse réalité poétique, à travers laquelle s’exprime si facilement mon imagination.

J’ai longtemps cru que je m’étais mis à écrire pour faire comme mon grand frère ou ma mère, artistes à leurs heures. J’avais l’impression que je mettais en exergue des valeurs familiales, notamment l’importance de l’art et la richesse de la culture. Aujourd’hui, avec le recul, je sais que, certes, j’ai été bien entouré et influencé, mais il y avait dans l’écriture toute une part de moi qui parvenait à s’exprimer alors qu’elle était muette par ailleurs. C’est quelque chose de si fort que me détourner de l’écriture a nui à mon équilibre, tandis qu’y revenir a été une véritable thérapie et une profonde révélation ! J’ai une sorte de foi en ce processus créatif ; quand j’écris, j’ai toujours l’impression que le destin du monde est entre mes mains, alors qu’à proprement parler, je suis souvent assis dans un coin avec mon ordinateur, mon téléphone ou un stylo et un carnet ! Pourtant rien ne me détourne, je reste convaincu que l’écriture peut constituer une sorte de magie salvatrice d’une puissance bien trop sous-estimée la plupart du temps. On peut dire que j’écris parce que ça fait du bien : à moi et, je l’espère, à celles et ceux qui me lisent !

Tu es écrivain, poète, donc tu aimes écrire… À quand remonte ton envie d’écrire ?

J’ai parfois l’impression d’avoir toujours un peu écrit, car je devais avoir autour de dix ans lorsque j’ai écrit pour la première fois, à le suite de mon grand frère qui produisait beaucoup à ce moment-là. J’ai beaucoup écrit par envie, notamment par envie de reconnaissance, de célébrité, de succès… Les sirènes sont si nombreuses et si agréables à entendre ! Je ne regrette pas d’avoir voulu les écouter, car leur chant peut être un moteur de motivation non négligeable !

Néanmoins, au fil de mes aventures littéraires et poétiques, j’ai trouvé non pas une envie mais un besoin d’écrire, d’une manière plus appaisée et moins impatiente. Je crois que cette façon d’écrire était tapie au fond de moi dès les débuts, mais je n’ai pas tout de suite su l’écouter correctement.

As-tu un feu qui te pousse et te motive à commencer à écrire ? Que ressentes-tu lorsque tu écris ? Tes émotions ?

Oui, écrire est toujours une urgence ; je sais aujourd’hui que ça fait partie de mon être et je fais en sorte de l’inclure dans mon quotidien. Il peut y avoir différentes façons d’écrire et différentes sortes d’écrits, mais c’est toujours bénéfique.

J’écris parfois pour répondre à une demande ou un appel, et je suis alors très concentré et un peu angoissé à l’idée de passer à côté de l’essentiel ou de ne pas arriver à exprimer ce qui cherche à pousser la porte de ma création littéraire.

D’autres fois, j’écris sous le coup d’un souvenir fort ou d’une émotion forte et l’écriture fait alors l’effet que recherchaient probablement les anciens médecins quand ils faisaient une saignée : faire baisser la pression, évacuer les maux, aller mieux… une écriture-médecine en quelque sorte, alternative mais pas toujours douce !

La plupart du temps, j’écris avec le sentiment que quelque chose d’important est en train de se jouer. J’ai longtemps cru qu’il s’agissait de mon propre avenir, d’une sorte de « carrière », mais je sais qu’il s’agit d’autre chose, d’une sensation qui me dépasse et me transcende pour venir embrasser le monde. Bien entendu, je ne suis pas (ou plus!) présomtpueux au point de penser que mes œuvres peuvent concerner le monde entier ! J’entends plutôt par là qu’elles sont destinées à voler de leur propres ailes pour rendre visite à ce monde entier, même une infime partie de ce monde. Lorsque je publie un texte et qu’il touche particulièrement un ou une de mes lecteurs/trices, j’ai pris l’habitude de dire « Alors ce texte est à sa place ».

C’est devenu une conviction profonde : Un écrit a une destination et, si je ne suis pas maître du moment et du lieu où il l’atteindra, je reste responsable du coup d’envoi nécessaire pour le début de son voyage. C’est peut-être une façon de prendre les choses trop au sérieux ou une dangereuse habitude de se mettre une forme de pression, mais je ne sais que rarement faire autrement.

Tu as déjà publié trois livres. La motivation était-elle différente pour les trois livres ? Et l’inspiration ?

La motivation de mon premier recueil, L’effeuilleur de temps, était de trouver un ancrage matériel dans le monde « réel » : en tant qu’auteur, j’étais revenu à l’écriture via les réseaux sociaux et un monde tout à fait virtuel. Bien qu’il m’ait permis de trouver mon tout premier public et mes premiers échanges, j’avais envie de pouvoir prolonger ces rencontres, pour celles et ceux qui le voulaient (à commencer par ma famille et moi!), par la possibilité d’avoir chez soi l’objet de ces rencontres, un livre dont je serai l’auteur… un peu comme les anciens « livres dont vous êtes le héros ». Les lecteurs, eux, sont toujours un peu les héros de leurs lectures mais, pour celui qui écrit, devenir l’auteur d’un livre, c’est presque un rite initiatique !

Pour les 99 leçons de floraison, mon deuxième recueil, je l’ai publié dans l’urgence, non pas par obligation ou précipitation, mais parce que j’avais besoin de pouvoir le proposer, un peu comme une offrande. Chronologiquement, il a été écrit en troisième, mais je l’ai écrit de manière très fluide et rapide, sans aucune difficulté, à un moment de ma vie où  la spiritualité en général et l’esprit zen emplissaient tout mon univers. Dès le point final, j’ai eu besoin de le partager avec mon lectorat, convaincu que sa lecture tisserait un lien solide entre nous tous. Il avait un bon potentiel commercial, mais mon besoin me pressait tellement que je n’ai même pas essayé de chercher un éditeur, je l’ai autoédité à nouveau, riche de ma première expérience.

Si les 99 leçons étaient un trait d’union entre les êtres, Nasatyas, lui, était un trait d’union entre une personnalité et son être profond. L’écrire et vivre son écriture a été une expérience si riche ! Ce recueil est un petit peu comme un compagnon, il a une forte personnalité et peut venir vous chercher où que vous soyez, c’est ainsi que je le conçois… Et c’est ainsi qu’il fonctionne, en tout cas pour moi ! Car c’est aussi ce recueil qui attire le moins, de prime abord, c’est pour moi un paradoxe dont j’ai tiré beaucoup d’enseignements pratiques mais aussi théoriques sur ce qu’est faire œuvre de poésie et ce qu’est transmettre son œuvre de poésie et se confronter à un public.

Pour ce qui est de l’inspiration, pour les trois recueils, il y a des fils rouges comme mon parcours personnel, le rapport à l’image, la présence des photos, les émotions, les sentiments… Le premier recueil était une véritable exploitation de l’image, chacun des textes découlaient d’une photographie qui le faisait naître. J’ai même utilisé un néologisme que je crois avoir inventé : Le phoème, ensemble d’une photographie et d’un poème inspiré par cette dernière. Chacune des œuvres, prises individuellement, peut avoir une coloration différente, mais on obtient encore une nuance supplémentaire en les liant ensemble.

Le deuxième recueil est également constitué de phoèmes uniquement, mais ceux-ci sont très spécialisés et formatés : les photos sont toutes des portraits de fleurs, les poèmes sont très courts et cherchent à mettre en lumière des leçons de vie que peuvent nous transmettre les fleurs lorsqu’on leur prête attention. On peut d’ailleurs les désigner comme principales inspiratrices de ce deuxième livre !

Enfin, pour Nasatyas, les sources d’inspiration ont été beaucoup plus variées et cela se ressent dans le fond comme dans la forme : 125 poèmes, 5 parties, des formes fixes, des vers libres, de la prose, avec ou sans photo… C’est un joyeux bazar, mais si vibrant, si énergique ! Je le crois un peu à l’image de la vie, en tout cas du regard que je portais sur la mienne au moment où je l’ai conçu !

As-tu eu des retours lorsque tu as publié ton premier livre, puis ton deuxième et enfin ton troixième ? Quelle importance accordes-tu à ton public ?

Avoir des retours est une véritable tâche qui demande du temps et de l’énergie. C’est aussi devenu, dans un secteur toujours plus concurrentiel, un enjeu commercial énorme. Cependant, j’ai bien du mal à insister pour en avoir, et d’ailleurs je ne le fais pas ; je demande poliment, je propose et, si j’en obtiens un, je suis le plus heureux. Autrement, je crois que j’aurais trop l’impression de déranger ; pire encore, j’aurais la désagréable sensation que ce retour « forcé » sonnerait faux. Ceci étant dit, oui, j’ai bien eu des retours, toujours très attentionnés et bienveillants. C’était très touchant de les découvrir, j’étais comme un petit garçon tout excité et stressé en même temps.

J’ai été très surpris de la qualité des retours que j’ai obtenus ; bien sûr, j’étais ému et flatté de recevoir tant de compliments qui venaient souvent toucher des cordes sensibles, mais j’ai aussi beaucoup appris sur la finesse d’analyse que pouvaient avoir les lecteurs, ils m’ont beaucoup appris à devenir et me sentir « auteur ».

Ce qui est beaucoup revenu, parmi ces retours, c’est de la beauté, de la profondeur, et beaucoup d’encouragements ! Il y a de quoi être ravi ! D’ailleurs, une sorte de retour silencieux, ça a été la formidable surprise, pour moi, de voir une partie de mon lectorat se fidéliser ! Qu’est-ce que ça en dit long quand un lecteur ou une lectrice se procure un exemplaire de chacun de vos livres ! Qu’est-ce que ça en dit long, encore, quand ils vous commandent un livre pour l’offrir !

Au début, je croyais spontanément que vendre des livres était un geste avant tout commercial ; probablement parce que j’en suis l’auteur et le vendeur à la fois, j’ai découvert que tout cela était important, mais secondaire. Important, car vendre des livres me permet de survivre en tant qu’auteur et de financer le projet suivant. Secondaire, car il se passe des choses formidables socialement, quand on vend ses propres livres ; c’est finalement ça le plus important : la dimension sociale de la vente, le lien qui se tisse entre l’auteur de le public. C’est parfois un lien ténu, ponctuel, élégant et discret ; d’autres fois, ce sont des échanges intenses, durables et extravagants ! Tout cela est si vivant ! C’est probablement ce que m’a apporté de mieux l’écriture.

Mon public est comme un compagnon de route, de ceux dont on envisage pas de se priver quand le voyage est important. Et, vous l’aurez compris, il me semble toujours important quand il s’agit d’écrire et de versifier ! J’ai vraiment l’impression que le public accomplit la moitié du voyage, il est comme le deuxième parent de mes livres. Bien sûr, une fois n’est pas coutume, je suis la maman, je le porte, je le conçois ; même si on me fournit du matériel extérieur, tout se crée là, au-dedans, dans les tripes ! Mais le public, qui attend patiemment, qui se demande comment tout cela évolue, qui finit par s’impartienter, qui aimerait parfois participer plus, qui est si important au moment de la mise au monde et qui, finalement, s’émerveille toujours à la naissance, n’est-ce pas le papa ? Si j’arrêtais tout aujourd’hui, mon expérience de rencontre avec le public serait probablement la plus enrichissante expérience de ma vie d’auteur, et j’ai la conviction que, si je continue d’écrire longtemps, le constat restera le même.

Quels sont tes futurs projets d’écriture ? Envisages-tu de publier un autre livre ? Et si oui, de quoi parlera-t-il ?

J’ai beaucoup de projets, mais peu de temps pour les réaliser… Des fois, je me dis qu’il me faudrait une deuxième vie, avant que je me rende compte que si j’en avais deux, j’en demanderais une troisième ! Alors je vais faire ce que je peux avec celle que j’ai.

Dans l’immédiat, j’ai un recueil en cours de finalisation, que j’aimerais publier à l’automne. Le grand fil rouge de celui-ci, c’est la résilience.

J’ai encore un autre recueil en cours, et un ou deux autres projets d’écriture poétique qui sont sur l’établi ! La grande nouveauté pour moi, c’est d’écrire sans recourir à l’image ; ce n’est pas évident, car non seulement la démarche créative change, mais je redoute aussi de décevoir ou trop bousculer les attentes ou les habitudes de mon lectorat. Cependant, je vis tout cela comme une aventure littéraire, et les aventuriers qui reculent devant le risque passent souvent à côté de leur grande aventure, n’est-ce pas ?

Je tiens aussi beaucoup à revenir à de l’écriture narrative, j’ai quelques projets de romans (un psychologique et spirituel, un autre policier/judiciaire), un projet de saga (plutôt dans l’heroic fantasy), une nouvelle à terminer… Rassurez-vous, je suis bien conscient que cela part dans tous les sens ! Je crois que cela fait partie de mon processus créatif : je pars toujours d’une sorte de vivier d’idées, quelques-unes se rassemblent et se distinguent, je les mets de côté pour en faire des projets… C’est à partir de là que le plus gros reste à faire ! En sélectionner un ou plusieurs et les réaliser. Avant, cela aurait été une source de stress et d’angoisse ; mais, maintenant, j’avance sur mon petit chemin, et je me retourne de temps en temps pour voir la distance parcourue et les étapes réalisées, avant de reprendre ma route.

Quels sont tes 5 mots préférés qui te rappellent le bonheur ? L’écriture en fait-elle partie ?

Amour, paix, joie, sérénité, beauté. On peut dire que la beauté englobe l’écriture, non ? En tout cas, ma manière d’écrire cherche toujours à produire quelque chose de beau… J’espère même y arriver parfois ! Bien entendu, l’écriture me rend heureux, mais je ne peux pas dire que je ne pourrai pas vivre sans écrire, pas sans me tromper un peu. Je ne peux pas vivre sans créer serait plus juste.

Plus jeune, j’étais aussi passionné et créatif dans les domaines du dessin, de la photographie, de la musique… J’ai même un peu touché à la bande dessinée et au cinéma… Si on m’avait l’aissé faire, j’aurais sans doute également approché la sculpture, le théatre et tant d’autres choses ! Quand j’ai commencé à réaliser que mon temps et mon énergie étaient limités, j’ai dû faire des choix, et l’écriture à remporté la part du lion !

Alors, étant donné que j’y mets beaucoup de ma personne, on peut dire que l’écriture fait partie intégrante de mon bonheur.

Quelles difficultés rencontres-tu pour publier chacun de tes livres ? Et comment arrives-tu à les surmonter ?

La première des difficultés est probablement le doute. Même après trois livres, on a toujours des doutes : a-t-on encore des choses à écrire ? Est-ce vraiment intéressant ? Le public sera-t-il encore au rendez-vous ? Et si ça ne marchait pas ? Et si c’était nul ? Ai-je vraiment ma place en tant qu’auteur ?

Je suis peut-être assez angoissé, mais j’ai cru lire que je n’étais pas le seul ! Le syndrome de l’imposteur, comme l’appelle les psychologues, est un sacré empêcheur de faire ce qui nous tient à cœur ! Fort heureusement, j’ai appris que sortir de sa zone de confort est le meilleur moyen d’apprendre de nouvelles choses et d’étendre son horizon, alors, malgré la présence de ces doutes persistants et persifleurs, je me jette à l’eau ! Et finalement, chaque étape est différente et comporte son lot de belles surprises et de difficultés.

La deuxième difficulté est le plan économique et commercial : je ne suis ni très connu, ni très disponible et compétent pour faire connaître mes livres. J’ai donc un public restreint et des moyens limités. Tant que c’est possible, j’essaie d’avoir des micro-finances saines, c’est-à-dire que j’essaie de faire en sorte de ne pas perdre d’argent, pour pouvoir assumer mes charges d’auteur et financer le livre suivant. Il faut du sang-froid et rester raisonnable, pas toujours facile quand on est passionné et qu’il s’agit de gérer une de ses passions ! Pour le moment, je suis encore là et fier de l’être ! C’est notamment grâce à certain(e)s de mes lectrices et lecteurs, dont le soutien est formidable et loyal, je n’en reviens toujours pas !

La troisième difficulté consiste à apprendre à poser un jalon sur son parcours d’auteur : Savoir communiquer, se présenter, se faire connaître, être fidèle à son identité d’auteur, se renouveler, écrire la prochaine étape sans ignorer ce qu’on a déjà fait… C’est une peu casse-tête et la solution, bien souvent, est d’arrêter de cogiter seul, d’en parler et aussi de se laisser vivre en essayant d’être authentique. Quand on fait ce qui nous plaît en étant soi-même, on a de grande chances de faire ce qu’il faut quand il faut.

Enfin, la dernière difficulté que j’évoquerai, c’est de trouver le temps et l’énergie ! Nous vivons une époque où il est rare de vire de son art, en particulier pour les poétesses et les poètes ! Pour ces derniers, je doute d’ailleurs qu’ils aient connu un âge d’or où chaque vers valait de l’or… C’est aussi la beauté de l’élan poétique, qui cherche à tout donner à tout le monde sans avoir la moindre idée de ce qu’il obtiendra en retour. Mais cela ne fait pas vivre sa maison. Certes, je suis auteur, mais je travaille aussi à temps plein et dois m’occuper de ma maison et ma famille !  Comment ne pas s’épuiser alors ? Un peu comme pour les finances, il faut savoir rester rationnel et ne pas s’engager dans trop d’objectifs à la fois. Et puis, il faut surtout vivre son écriture, qu’elle fasse partie de nous-même et de notre quotidien. Je pense que ce n’est pas un hasard si l’on dit « je suis auteur » et non pas « je travaille dans les lettres ou avec les mots » ; si l’on veut avoir une chance de produire quelque chose de beau et d’authentique, il faut s’y mettre corps et âme !

Je veux écrire un livre moi-même – que me conseilleras-tu ?

Avant tout, de bien réfléchir : Est-ce juste une envie du moment, ou est-ce une étape cruciale dans ta vie ? Les écrits restent, les paroles s’envolent. Je crois qu’on devrait tous se poser la question avant d’envisager d’écrire un livre. Nous avons aujourd’hui pléthore de moyens de communication et d’expression et, s’il est très facile de produire son propre livre, cela ne y veut pas dire que c’est un geste anodin. Je crois qu’un livre devrait toujours être le prolongement de la meilleure partie de soi, comme le message de ce que l’on a au fond de nous, adressé à ce que le monde a au fond de lui. Que ce soit en poésie ou en narration, je crois que si ce que j’écris ne représente plus rien de cela, je ne pourrai même pas le jeter à la cheminée, car je deviendrai incapable d’écrire et ce serait sans doute, dans ce cas, une bonne chose…. Hum, ça c’était pour la partie, on se met la pression et on teste sa motivation !

Je crois qu’une autre partie, non moins fondamentale quand on entend écrire, c’est de foncer. Pas en faisant n’importe quoi, en tout cas ce n’est pas mon genre et je ne le conseillerai pas, mais de ne pas reculer ni faire du sur-place ! C’est le meilleur moyen pour ne rien faire et on passe à côté du meilleur. Si on veut vraiment écrire, comme pour tout projet, il faut y aller et aller jusqu’au bout ! Ne pas tergiverser trop longtemps et passer son temps à se préparer ; rien n’est jamais parfait et on n’est jamais vraiment prêts, alors, n’attendons pas plus longtemps ! Si on ne le fait pas, c’est un peu comme si on voulait aller dans notre restaurant préféré et que, une fois arrivé devant l’entrée, on reste là à baver devant les autres qui se régalent… C’est un peu triste, il vaut mieux pousser la porte ! Prenez le temps qu’il faut, mais pas plus !

Enfin, il faut s’armer de courage et de patience ! Nous sommes nombreux à vouloir écrire et pas toujours si nombreux à lire ! La concurrence est rude et on peut essuyer de nombreux refus. Le chemin peut être encore très long après avoir écrit, il faut donc ménager sa monture ! La bonne nouvelle justement, c’est qu’on peut se ressourcer en lisant soi-même ! Non seulement c’est fondamental pour travailler et affiner sa propre écriture, mais c’est aussi une histoire de réseau ! On soutient les autres, certes, et on s’intéresse aussi à ce qui se fait dans notre domaine : comment écrivent les autres, comment communiquent-ils, comment se font-ils connaître, quelles sont leur difficultés… Tiens, finalement c’est nombre de questions posées dans cette interview ! Mon petit doigt me dit que vous avez déjà une petite idée de la façon de procéder pour vous mettre à écrire… Seriez-vous en train de tergiverser ?

Merci encore pour cette super interview de P.Y.Xyn !

Photo de Thought Catalog sur Unsplash

Merci de m’avoir lu jusqu’au bout et à bientôt !

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Commentaires

6 juin 2023 à 14h59

Genka cet article est fort, profond … Je pense que tu as trouvé dans cet entretien une dimension qui ouvrira des portes vers ton for intérieur … En tout cas cet article a raisonné fortement en moi … Il y a 2 phrases que je retiens :

« S’il devait y avoir un lien entre mon parcours et mon écriture, je dirais que c’est celui d’une longue compagnie »

« Un écrit a une destination et, si je ne suis pas maître du moment et du lieu où il l’atteindra, je reste responsable du coup d’envoi nécessaire pour le début de son voyage »

Et puis voici mon nom de plume lorsque je ne souhaite pas publier mes livres sous mon propre nom Virx Ylfu 😉

Merci infiniment à toi pour cette lecture 🙏



8 juin 2023 à 14h05

En tant qu’artiste, je trouve l’approche de Xyn sur la créativité très inspirante. Son idée que le bonheur est un choix est quelque chose que je vais intégrer dans ma propre vie.



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